Le Groupe Dékuple est déjà présent en Chine au travers de sa filiale Dékuple Marketing Engineering B2B China qui accompagne de grandes entreprises BtoB françaises et européennes en marketing digital
Notre ambition de devenir un leader du data marketing européen passe bien sûr par un développement de nos activités en Europe. Mais cela passe également par un accompagnement de nos clients en Chine qui est pour eux un marché porteur (20 fois la France) mais aussi très complexe, avec des écosystèmes digitaux tout à fait différents de ceux que nous connaissons en Occident. Cela nécessite en conséquence des dispositifs marketing spécifiques au marché Chinois et des compétences à la fois francophones, anglophones et chinoises pour accompagner les marques européennes dans leur communication, leurs opérations marketing et les aider ainsi à développer leurs exportations.
Retranscription de l’interview réalisée pour BFM Business – Chine Eco
Erwan Morice, BFM Business – On va parler du poids de la publicité en Chine. Bonsoir Bertrand Laurioz, merci d’être avec nous. Vous êtes le PDG de Dékuple, spécialiste du marketing numérique pour la relation client. On va parler, avec vous, de la pub et du marché chinois, qui est un marché considérable. Les dépenses publicitaires, d’ailleurs, commençons avec ce premier chiffre, en Chine, elles s’élèvent à 600 milliards de Renminbi en 2022, tractées par les smartphones et le commerce en ligne.
C’est un marché qui est en constante progression et un acteur comme vous a aussi sa part à prendre ?
Bertand Laurioz, PDG Groupe Dékuple – Absolument. Nous avons une société française, essentiellement. On est 1000 collaborateurs en France, nous faisons du data marketing, pas seulement de la publicité, mais essentiellement du marketing opérationnel basé sur la data, et on a une filiale en Chine qui nous aide à travailler pour les entreprises, plutôt occidentales, qui veulent vendre en Chine. Que ce soient des entreprises industrielles, des entreprises de food ou de FMCG en général.
Erwan Morice, BFM Business – Rapidement, que vont être les services que ces entreprises recherchent et les services qu’elles vont vous demander de mettre au point ?
Bertand Laurioz, PDG Groupe Dékuple – En fait, quand vous êtes une société européenne occidentale et que vous voulez vendre en Chine, la principale difficulté, c’est d’abord de comprendre le marché chinois et les personnes en Chine. Parce que la Chine, ça paraît un grand pays d’1,4 milliard d’habitants, en réalité, en termes de marché, c’est l’équivalent de 20 pays européens, avec des logiques très différentes à l’intérieur ou sur les côtes, par exemple. Donc, tout cet aspect-là, il faut l’adapter, il faut localiser sa marque. Ensuite, une fois que vous rendez votre marque attractive sur le marché chinois, il faut être capable de s’adresser aux consommateurs avec le marketing digital. Or, les outils digitaux en Chine, qui sont très développés, au moins largement, voire plus développés qu’aux Etats-Unis et en France et ce ne sont pas les mêmes.
Pour des raisons essentiellement liées aux logiques de blocage. Vous n’avez pas Google, vous n’avez pas LinkedIn, vous n’avez pas Facebook, mais vous avez les équivalents chinois. Il faut donc adapter le message et le discours aux personnes et aux outils qui sont utilisés là-bas. Vous l’avez mentionné, pour ceux qui ne maîtrisent pas parfaitement la monnaie, c’est environ 80 milliards de dollars ou d’euros. C’est extrêmement important. Et comme vous le disiez, c’est un marché qui est plus digitalisé que le marché européen. Pour vous donner un exemple sur le e-commerce, il y a, à peu près la moitié du business qui se fait en ligne, ce qui est beaucoup plus qu’en Europe.
Erwan Morice, BFM Business – C’est une exception, la Chine, c’est le seul pays, aujourd’hui, qui fait plus de la moitié de ses ventes en ligne. Cela veut dire qu’il y a encore une fois, beaucoup de choses à faire et qu’un acteur comme vous peut avoir son importance. Ce que vous nous expliquiez notamment auprès des entreprises étrangères, car ce ne sont pas seulement les Chinois qui vont faire appel à vous ?
Bertand Laurioz, PDG Groupe Dékuple – Paradoxalement, nous sommes transfrontaliers. L’essentiel de notre activité se fait effectivement avec les entreprises occidentales qui veulent vendre en Chine. Et évidemment, bien que cela ce soit arrêté avec le COVID, on commence à interésser les entreprises chinoises qui cherchent à arriver sur le marché européen et qui ont les mêmes problématiques que les entreprises occidentales en Chine, c’est-à-dire avec des personas et des outils qui ne sont pas les mêmes.
Erwan Morice, BFM Business – Vous nous expliquiez que l’on n’a pas Google, on n’a pas Twitter, etc… On a ce fameux Great Firewall. Donc, avec la Chine qui développe ses propres infrastructures, cela veut dire que pour vous aussi, la difficulté, c’est de créer des technologies spécifiques à ce marché chinois.
Bertand Laurioz, PDG Groupe Dékuple – Il faut créer des outils pour travailler. On ne créait pas des technologies, on ne va pas créer des GAFA chinois. Ils existent déjà, ils sont extrêmement puissants. Nous, ce que l’on fait, c’est que l’on définit et on développe des outils qui vont aider à utiliser ces outils-là. On a une quarantaine de personnes en Chine, donc on est assez petits pour l’instant, ces personnes sont capables de développer des projets avec des collaborateurs qui sont évidemment chinois, qui parlent anglais et certains parlent français. Donc, cela permet de faire la liaison. Vous mentionnez le dynamisme de l’écosystème chinois. Il est très particulier parce que, à cause de ce fameux Chinese Wall et l’impossibilité de partager sur les technologies, il y a toute une innovation particulière qui s’est développée en Chine et qui s’est développée paradoxalement plus rapidement qu’aux Etats-Unis, WeChat était très en avance. Je prends un autre exemple, Alibaba qui est à peu près l’équivalent d’un Amazon, a une activité extrêmement importante. Vous pouvez acheter du matériel industriel, des tonnes de produits industriels en ligne sur la filiale d’Alibaba qui correspond.
Erwan Morice, BFM Business – Est ce que pour terminer, on a des choses à apprendre de la manière dont la Chine avance dans la publicité numérique ?
Bertand Laurioz, PDG Groupe Dékuple – On a beaucoup de choses à apprendre et dans les deux sens. Je prends un exemple très particulier qui est la disparition des cookies tiers en France, cela fait que les plateformes ne pourront plus partager un certain nombre d’informations sur les utilisateurs. En Chine, depuis toujours, les plateformes partagent très peu d’informations et donc les marques doivent engager leurs clients, engager leurs audiences pour récupérer toutes ces informations. Et c’est ce qui est en train d’arriver en Europe avec la fin des cookies tiers. De la même façon, quand vous allez en Chine, il y a l’équivalent du RGPD. Oui, ça n’est pas le même, donc il faut s’adapter. Évidemment, il faut respecter la régulation dans le pays, on arrive.